L’alimentation durable

Avec cet éditorial, je tenais à vous faire part du changement de philosophie et de mode de vie que nous mettons en œuvre de manière active depuis quelques temps déjà. C’est donc un article plus personnel, qui indique de légers changements dans la ligne éditoriale du site. Rassurez-vous, le contenu fondamental ne change pas, je continuerai à vous abreuver d’articles voyages et cuisine, mais sur ce dernier point, il va y avoir du changement. Explications.

Avant-propos

Cet article n’a pas un but moralisateur mais constructif. Ce n’est certainement pas moi, avec mon passé de carnivore avéré, mon ½ million de kilomètres parcouru en avion ou mon secteur professionnel (informatique) et son ultra-consommation d’énergie qui pourrait vous faire la morale. Le but est de faire prendre conscience et d’améliorer les choses, tous ensemble, quel que soit notre passé carbone 🙂

These systems are failing

Vous n’êtes pas sans ignorer que la planète va mal, très mal. Déforestation, pollution, émissions carbone, agriculture et élevages intensifs … la liste est longue. Nous sommes tous au courant. Vous, ma femme, mes parents, mes amis, mes collègues, ainsi que moi-même, nous le savons tous. Et pourtant, nous restons là comme si de rien n’était, comme si nous attendions qu’une solution miracle se passe, qu’un scientifique génial trouve une solution miracle et sauve notre planète. Mais … et si cette personne n’arrivait jamais ?

Nous avons récemment regardé le film-documentaire « Before the flood », réalisé par Fisher Stevens et coproduit avec Léonardo DiCaprio. Le film était disponible gratuitement sur toutes les plateformes de streaming légales (il est toujours disponible sur dailymotion en VOSTFR), grâce à la volonté de National Geographic de couvrir le changement climatique et de conscientiser les gens. Pour notre part, objectif totalement atteint: le documentaire est une immense claque, et il est difficile, voir impossible, de détourner les yeux et de ne pas agir après l’avoir vu.

Fort du moment impact du film, nous en avons profité pour regarder dans la foulée « Demain », qui traite du même sujet mais de manière totalement différente, en apportant des solutions concrètes à ces problèmes bien réels. Ce film dégage tellement de positif, que suite à la culpabilité qu’entraîne le premier, vient l’énergie de vouloir changer, de vouloir améliorer les choses.

Et enfin, nous avons regardé le film « Cowspiracy : the sustainability secret », qui termine de mettre la claque finale en montrant du doigt le principal coupable de la déforestation, de la pollution, des émissions carbone, bref, de toutes ces choses que j’ai citée au départ, à savoir, la viande, et tout particulièrement l’élevage intensif du bœuf.

Une fois ce triptyque terminé, impossible de rester sans rien faire. Je vous invite donc à les regarder tous les trois, car ces films ont changé nos vies à jamais. Plus d’informations ici:

Before the flood
Demain
Cowspiracy: the sustainability secret

L’alimentation durable

Si l’on retrouve une composante commune à ces documentaires, ainsi que dans les nombreux autres que nous avons regardé depuis, c’est que la lutte contre le réchauffement climatique passe par nos assiettes. C’est ce que l’on appelle l’alimentation durable.

L’alimentation durable est une alimentation viable sur le plan économique et social, qui préserve l’environnement, la santé et la diversité culturelle.

Concrètement, c’est

  • une alimentation accessible à tous, saine et équilibrée, répondant aux besoins nutritionnels humains
  • un système qui préserve l’environnement, le climat, les sols, l’eau, la biodiversité
  • une alimentation appliquant le principe de subsidiarité : qui s’appuie au niveau local, national, européen et international sur des modes de production agricole durables, assurant un revenu équitable pour les producteurs, et préservant le tissu rural et le développement local.

 

Il suffit de jeter un œil aux statistiques de production animale pour se convaincre de la nécessité de changer notre alimentation et de la transformer en alimentation durable. Jugez plutôt.

 

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ressources nécessaires pour le quarter pounder, soit environ 110g de bœuf haché

 

Pour un hamburger de 110g, il faut:

  • 3 kg de graines
  • 204l d’eau potable
  • 74,5 m² de terrain d’élevage et de culture
  • Des énergies fossiles équivalent à l’utilisation d’un micro-ondes pendant 18 min

 

Les ressources dédiées à l’élevage du bétail sont tout simplement démentielles. Si l’on se penche sur les émissions de gaz à effet de serre et les ressources globales, c’est encore plus flagrant.

 

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ressources mondiales consommées par l’élevage de bétail

 

L’élevage de bétail, ça représente donc au niveau mondial:

  • 45% des terres occupées de la planète
  • 33% des terres arables entièrement dédiées à la culture de nourriture pour le bétail
  • 23% de l’eau potable
  • 14.5% des émissions de gaz à effet de serre

 

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zoom sur les ressources consommées par l’élevage de bétail et ses produits dérivés

 

Si l’on inclut les produits dérivés (comme par exemple le lait et les fromages),on arrive à 51% des émissions de gaz à effet de serre de la planète ! Pour information, l’entièreté du secteur du transport représente 13% … De plus, l’agriculture animale est responsable de 91% de la déforestation de la forêt amazonienne !

Vous l’aurez compris, la meilleure façon d’agir demain, c’est de réduire (voire arrêter) votre consommation de viande, tout particulièrement le bœuf, ainsi que de limiter les produits laitiers, tout aussi responsables.

 

Oui, mais mes protéines dans tout ça? Et mon calcium?

Cela fait peu de temps que je commence à prôner cette alimentation durable, et j’ai déjà eu plusieurs fois la remarque: « attention aux carences avec un tel régime » ou encore « attention à l’anémie ! ». Et bien, sachez que je pensais pareil, il y a encore peu de temps. L’industrie agro-alimentaire a tellement bien joué son coup que tout le monde est convaincu que l’homme a besoin de la fameuse pyramide de Maslow (on nous l’a appris en primaire, vous vous souvenez?):

 

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la pyramide de Maslow, sponsorisée par l’industrie agro-alimentaire …

 

Honnêtement, qui a déjà mis en cause / questionné ces enseignements alimentaires donnés dès l’enfance? Pas moi en tout cas. Ce n’est que depuis que je l’ai fait que je me rends compte à quel point l’industrie agro-alimentaire a merveilleusement bien réussi son coup. Voici les deux plus gros mythes qu’elle nous a fait avaler depuis 1/2 siècle.

Lait et produits laitiers

Tout d’abord, commençons par les produits laitiers. Il faut savoir que l’homme est la seule espèce à consommer le lait d’une autre espèce animale bien après que sa croissance soit terminée. C’est une aberration. Le lait de vache est un concentré d’hormones de croissance destiné aux veaux, pas à l’homme. L’argument marketing – car il ne s’agit que de ça, au final – est que nous avons besoin du calcium contenu dans le lait pour la construction et l’entretien des os. C’est assez redoutable, car on part d’un fait avéré (nous avons besoin de calcium) et le fait que le lait en contienne pour nous faire croire que nous avons besoin de lait. C’est aberrant !

Pour information, un verre de lait de vache (100g de lait) contient 113mg de calcium. Attention, vous êtes prêts?

 

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Un verre de lait d’amandes contient donc bien plus de calcium qu’un verre de lait de vache. Les épinards cuits en contiennent également plus. L’argument choc de lutte contre l’ostéoporose ne tient pas la route, car il y a plus de calcium dans ces aliments que dans le lait de vache, et de plus, c’est également le déficit en vitamines D et K qui entraîne la maladie … Bref, il vaut bien mieux manger une poignée d’amandes que de boire du lait, sans compter qu’il n’y a pas de risques d’intolérance ou allergies, et pas de torture animale.

Si ça ne vous achève pas de vous convaincre, alors je vous conseille de regarder ce reportage photo sur « big food » pour vous rendre compte qu’il y a quelque chose qui cloche avec l’élevage des vaches laitières (et l’élevage intensif en général). On est bien loin de l’image sympathique de la vache qui broute dans le pré près de chez nous …

 

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élevage intensif de veaux
Viandes, volailles et poissons

Depuis que je suis tout petit, on me vend qu’il faut manger de la viande ou du poisson chaque jour afin d’avoir assez de protéines. Il s’agit ici probablement de la plus grande tromperie de l’industrie. Encore une fois, la même technique est employée: on part d’une vérité (nous avons besoin de protéines) pour nous faire gober n’importe quoi.

Tout d’abord, les protéines se retrouvent en plus grande quantité dans bon nombre de légumes, exactement comme le lait. Jugez plutôt:

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quantité de protéines pour une même portion

 

Ce n’est qu’un petit assortiment, il y a plein de protéines dans beaucoup d’autres aliments (les légumineuses, par exemple). Une nouvelle fois, le principal argument santé ne tient pas la route. Sans compter une donnée essentielle non reprise dans ce petit tableau: la quantité de gras présente. Prenons le brocoli:

 

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Pour une même quantité, on retrouve 50% de protéines supplémentaires, pour 18 fois moins de gras. Il est où, l’argument santé, encore? Pire que ça, manger de la viande est mauvais pour la santé: il y a une incidence très forte entre les cancers du colon et la consommation de viande – sans compter les graisses ingurgitées.

En gros, la seule carence qu’entraîne un régime sans produit d’origine animale, c’est une carence en vitamine B12. Pour pallier à ce manque, on peut soit prendre des compléments alimentaires, ou ajouter de la levure nutritionnelle dans ses plats, qui en contient une large quantité.

Une question d’éthique

Enfin, je terminerais avec le point qui est souvent mis en avant par les végétariens pour justifier leur mode de vie, à savoir l’abattage animal. J’ai volontairement pris à contre-pied, car d’expérience personnelle, l’industrie agro-alimentaire a tellement bien réussi à nous déconscientiser complètement par rapport à tout ça que ça revient à prêcher dans le vide.

S’il y a bien une chose qui est cachée au public, c’est bien tout ce qu’il se passe avant que ce délicieux morceau de viande n’atterrisse dans notre assiette. Car les industriels ne veulent pas que l’on voit ce qu’il se passe, sinon nous n’en mangerions plus. Voici quelques chiffres:

 

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statistiques d’abattage d’animaux aux USA en 2009 – chiffrés en millions ou en milliards !

 

Les USA ont abattus en 2009:

  • 22,7 millions de canards
  • 34,4 millions de vaches
  • 113,7 millions de cochons
  • 245,7 millions de dindes
  • 8,6 milliards de poulets
  • 7 milliards de poissons
  • 12 milliards de fruits de mer

Au niveau mondial, on atteint un total morbide d’entre 60 et 142 milliards d’animaux abattus par an pour nourrir la population !

Lorsque j’étais jeune, on nous montrait des documentaires sur l’holocauste juif durant la 2ème guerre mondiale. Je me demandais alors comment il était possible d’avoir laissé faire une chose pareille, et que le monde ne laisserait plus jamais une telle horreur se reproduire. Ce n’est pas différent, c’est un génocide pur et simple. Lorsque je regarde un documentaire sur la viande et l’élevage, j’ai l’impression de revoir ces images troublantes d’extermination dans les camps de concentration.

Chaque année, l’équivalent du décuple de la population humaine est abattue et consommée. Et pourtant, nous aimons les animaux. Comment sommes-nous capables de leur infliger tant de souffrance à une telle échelle? Personnellement, je ne peux plus fermer les yeux sur ce massacre.

 

Notre action

Comme vous le savez, nous avons deux passions communes, le voyage et la cuisine. Nous sommes ce que l’on appelle des foodista, qui ne pensent qu’à la nourriture, constamment. Nos proches peuvent en témoigner, nous sommes des passionnés, voire carrément des malades. Alors, vous pouvez imaginer à quel point il est difficile pour nous de changer notre alimentation en – oui, je vais le dire – SUPPRIMANT DES ALIMENTS (voilà, c’est dit). Nous. Qui mangeons TOUT. Qui varions notre alimentation quotidiennement, sans jamais manger deux fois le même plat sans une période de battement d’un moins un an entre les deux, sauf lorsque nous sommes invité à manger quelque part. Dur !

Cependant, j’omets une chose essentielle : nous sommes déjà quasi-végétariens depuis des années. Concrètement, ça signifie que nous ne mangeons déjà presque plus de viande en semaine (sauf lorsque nous allons manger dehors ou que je n’ai pas eu le temps de préparer mon lunch et que je commande un sandwich), et n’en consommons que le WE. Et bien, tout ça, c’est fini.

Maintenant, lorsque je commande un sandwich, je me tourne vers les sandwichs végétariens, avec la baguette bio, le bœuf est persona non grata dans notre panier (et croyez-moi, en tant qu’amateur invétéré de burgers, c’est une décision très dure !), la charcuterie est bannie, le lait est devenu végétal – car oui, même sans manger la vache, surconsommer son lait revient au même-, les fruits et légumes de saison et LOCAUX sont les seuls admis. Je dis locaux, car nous avons toujours respecté les saisons, ça a toujours été un aspect important de ma cuisine – manger des courgettes en décembre m’a toujours paru absurde au plus haut point – mais nous étions ravis de nous tourner vers les fruits dont la pleine saison avait lieu de l’autre côté de l’hémisphère, à savoir les fruits tropicaux (la mangue et l’ananas sont mes fruits favoris). Lorsque l’on voit l’impact environnemental et humain de la production d’avocat, difficile de continuer comme si de rien n’était (voir cet article).

Désormais, nous devenons végétariens. Nous ne mangerons plus de viande, à l’exception des fêtes de fin d’année, les anniversaires ou les occasions spéciales (Thanksgiving, saint-valentin, mariages …), et nous mangerons encore plus local, et surtout, bio. Les recettes du blog vont désormais se tourner plus vers le végétarien et le végétalien.

Je viens également de lancer une nouvelle page facebook, que vous pouvez retrouver ici: https://www.facebook.com/rejoinslecotelumiere.onadesfritesbio/

Cette page a pour but de faire la promotion de l’alimentation durable, ainsi que de dresser l’actualité écologique mondiale régulièrement. J’y posterai également les conférences, les associations et les initiatives locales bruxelloises, ainsi que les alternatives végétales à notre alimentation traditionnelle.

Et enfin, début janvier, nous participerons au challenge du film Cowspiracy, à savoir devenir vegan pendant 30 jours … je me réjouis déjà 🙂

 

Votre action

Je le répète, loin de moi l’idée de vous imposer quoique ce soit, de vous culpabiliser ou encore moins de vous demander d’arrêter de vivre ! Par contre, si vous avez envie de nous rejoindre dans notre lutte pour l’environnement, alors l’alimentation durable est probablement l’action la plus significative que vous puissiez mettre en œuvre. Pour vous aider à bien démarrer, voici un petit résumé:

  • commencez donc par regarder les 3 documentaires cité en début d’article, vous verrez, ça va changer votre vie !
  • ensuite, allez-y progressivement; il ne faut pas croire que nous n’avons pas changé notre alimentation du jour au lendemain 🙂
  • commencez par réduire votre consommation de viande, particulièrement le bœuf (mais également le poulet, le poisson … particulièrement le thon et le saumon, sursaturé en mercure et PCB ultra-nocifs pour la santé). si vous ne pouvez résister, privilégiez la viande bio, vu le prix, vous en achèterez moins souvent 🙂
  • limitez les produits laitiers; vous pouvez remplacer le lait par le lait végétal (amandes, riz, avoine, épeautre, soja … il en existe des dizaines)
  • consommez local et de saison: en plus du plaisir de manger de bons fruits et légumes, vous ferez vivre votre fermier local au lieu d’engraisser une grosse multinationale qui appauvrit tout le monde, extermine des milliards d’animaux chaque année et détruit notre planète !
  • faites passer le mot: si tout le monde arrête de manger de la viande, alors la production n’aura plus de raison d’être 🙂
  • rejoignez ma nouvelle page facebook https://www.facebook.com/rejoinslecotelumiere.onadesfritesbio/

 

Et enfin, et c’est peut-être le plus important: régalez-vous ! Je vous assure, le plaisir de manger n’a pas disparu, au contraire 🙂

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