Le 2 décembre? J’peux pas, j’ai climat !

Cet article fait suite à celui rédigé il y a 2 ans sur l’alimentation durable (à relire ici), et en prévision de la marche pour le climat qui aura lieu à Bruxelles le 2 décembre. J’ai choisi de l’illustrer avec le triptyque « Le jardin des délices » de Jérôme Bosch, parfaite allégorie de la société moderne utilisée comme fil conducteur du film « Before the flood ». Cette œuvre, réalisée entre 1494 et 1505, est divisée en 3 parties: le panneau de gauche représente le paradis, au moment de la présentation d’Ève et de son union avec Adam; le panneau central montre l’humanité avant le déluge, où l’homme fait une véritable orgie de la nature; enfin, le panneau de droite représente l’enfer, où l’homme est torturé par une nature révoltée, honteux et en souffrance au milieu de paysages en ruines. Avant d’en arriver là, il est temps d’agir.

On veut du green green green washing

On veut des tours d’avions,
des airbus, du diesel
des mandarines toutes les saisons,
des grands voyages dans le ciel.
Du high-tech à la maison,
de la nouvelle technologie
On veut pouvoir dire pardon
et soulager son esprit

On veut d’la viande d’argentine,
d’la bidoche à tous les repas.
De la work-food dans la cuisine,
on veut du sucre, on veut du gras.
On veut moins cher on veut meilleur,
on veut toujours un peu d’ailleurs
On veut la mer, on veut l’été
même en hiver on veut bronzer

Tryo – Greenwashing (2012)

Je vais être franc avec vous: je me sens terriblement hypocrite. D’un côté, je prône l’écologie, l’alimentation durable, les transports en commun ou encore le zéro déchet; de l’autre, je dirige un blog qui fait l’apogée du voyage, des citytrips et des restaurants. Plutôt paradoxal, non?

Bien conscient de ce problème, il y a maintenant 2 ans, j’écrivais mon article le plus engagé depuis la création du blog: l’alimentation durable. Dans cet article, j’exposais en long et en large les problèmes inhérents à notre mode de consommation alimentaire, et proposais des solutions concrètes à ces problèmes: réduction de la consommation de viande, limitation des produits laitiers, consommation locale et de saison, pour ne citer qu’eux. Au lieu de l’approche traditionnelle qui consiste à blâmer les gens et à les faire culpabiliser, j’avais opté pour une approche plus pragmatique, plus constructive: réduire au lieu de supprimer, y aller petit à petit, ne pas être verser dans l’extrémisme sous peur d’être stigmatisé. Avec toujours l’idée suivante: si nous, passionnés par la cuisine et la gastronomie comme nous sommes, y arrivons, pourquoi pas vous?

2 ans plus tard, le bilan est plutôt contrasté. L’optimisme et la candeur des débuts ont laissé place à un réalisme glauque et à un pessimisme maussade. Des hauts et des bas, des bains de soleil et des douches froides, des petites victoires pour de trop grandes défaites. Nous sommes foutus ! Non, l’espoir est permis ! Une véritable bipolarisation climatique à faire pâlir les plus fervents adeptes de Nietzsche s’est développée en moi. Et une triste réalité m’est soudain apparue : malgré nos actions et nos belles paroles, la vérité est que nous nous sommes contentés de faire du greenwashing de nous-mêmes. Le régime flexitarien qui faisait notre fierté n’était qu’une façon de se donner bonne conscience tout en gardant notre mode de vie. S’autoproclamer éco-responsable, faire la morale aux autres sur leur consommation de viande et prendre l’avion plusieurs fois par an pour l’un ou l’autre citytrip de 3 jours, c’est l’hôpital qui se fout de la charité.

La fin du « business as usual »

Cependant, au regard des événements climatiques qui ponctuent l’actualité régulièrement, il devient difficile de regarder ailleurs, de faire comme si de rien n’était. Notre mode de vie actuel, hérité d’un passé où l’on se gavait des ressources de la planète, ne peut plus continuer ainsi. Seul un inconscient peut parler de croissance infinie sur une planète où les ressources sont finies. Jobs, jobs, jobs, disent-ils pendant que la planète crève. Business as usual: on a toujours fait comme ça.

Avec un public fondamentalement réfractaire au changement, le moindre écart soulève les foules. Le peuple se révolte pour le prix du diesel, mais quand la moitié des terres prend feu et que la Belgique se transforme en désert en l’espace de 2 mois, personne ne bronche. Après tout, plus besoin de prendre Ryanair pour avoir du soleil, il est dans le jardin (ou ce qu’il en reste à la fin de l’été).

J’exagère (volontairement) mes propos: après tout, une vague verte a bel et bien submergé notre pays aux dernières élections. Même si le système traditionnel de coalition a fait un grand pied de nez démocratique à 25% de la population électorale, le message est là: la Belgique veut du changement. N’en déplaise aux réactionnaires incapables de reconnaître leur défaite en accusant la télévision nationale de trop parler des catastrophes climatiques lors du JT: le business as usual, c’est fini.

#ClaimTheClimate, la marche pour le climat

Alors oui, vous qui me lisez, probablement que vous aussi, vous voulez du changement. Vous aussi, la situation vous inquiète. Bravo, c’est un premier pas important ! Il est désormais temps de faire partie des pionniers et de passer à l’action. Au diable les mécréants qui tenteront de vous en dissuader en arguant que c’est inutile, vous, vous avez décidé d’agir.

Maintenant, la question qui se pose est: que pouvez-vous faire? La première chose, c’est de venir manifester avec nous le 2 décembre à Bruxelles pour la plus grande marche pour le climat organisée à ce jour en Belgique afin de faire entendre nos voix. Il est clair que sans action politique derrière, nous n’y arriverons pas, c’est pourquoi nous devons être nombreux.

Le plus important, c’est de faire tourner l’information. Partagez la vidéo, l’article, inscrivez-vous sur le site officiel et rejoignez l’événement facebook en invitant un maximum de monde:
http://climate-express.be/claim-the-climate/
https://www.facebook.com/events/1169152256556461/

Et désormais, quand on vous demandera ce que vous faites le 2 décembre, vous répondrez:

J’peux pas, j’ai Climat ! Tu viens avec?

On compte sur vous !

Pour le reste, voici une liste d’actions concrètes liées au voyage et à la gastronomie que vous pouvez d’ores et déjà mettre en œuvre.

Le voyage éco-responsable

Je vous en parlais dans l’article « Faut-il instaurer un permis de voyager?« , le tourisme de masse est un véritable fléau qui menace les écosystèmes. Le voyage, symbole d’aventures, de découvertes et de rencontres, a cédé la place au tourisme, synonyme de fast-food travel, de bucket list et de selfie. Pourtant, il suffit de quelques gestes pour devenir un voyageur éco-responsable !

Voici quelques gestes simples qui feront de vous un voyageur respectable et respectueux.

  • Manger local, c’est favoriser l’économie locale, réduire le besoin d’importer des denrées pour satisfaire les touristes, éviter d’accroître encore plus le capital d’entreprises parmi les plus polluantes au monde (Starbucks, Mc Donalds, …), découvrir des aliments et préparations spécifiques aux régions visitées … manger local, c’est déjà voyager !
  • Voyager lentement, à pied, en empruntant les transports en commun ou en faisant du stop, c’est favoriser la création de liens avec les locaux, prendre le temps de vraiment voir une région au lieu d’enchaîner les kilomètres pour quelques photos trophées, réduire son empreinte carbone, se relaxer. Partir en vacances et revenir fatigué n’a pas de sens !
  • Voyager proprement, sans laisser de déchets sur son passage, c’est sensibiliser les populations locales et les autres voyageurs qui n’y font pas forcément attention tout en favorisant la pérennité des lieux visités. Pourquoi acheter une bouteille d’eau en plastique à prix d’or alors qu’une gourde réutilisable ne coûte rien et ne pollue pas?
  • Respecter les us et coutumes locales, c’est faire montre d’ouverture d’esprit, de respect d’autrui et favorise les relations saines entre locaux et voyageurs. Par exemple, poser ses baguettes sur la table ou laisser un pourboire est très offensant au Japon, tandis qu’oublier le pourboire en Amérique du Nord est un crime de lèse-majesté. Ignorer les règles établies donne irrémédiablement lieu à la tourismophobie. Par contre, quitte à tout écorcher, tenter de bafouiller quelques mots dans la langue locale vous ouvrira des portes … tout comme un sourire !
  • Respecter les lieux et les locaux, c’est respecter les sentiers balisés pour ne pas accroître l’érosion, préserver la faune et la flore, demander la permission de prendre une photo … aimeriez-vous qu’on vous photographie sous tous les angles comme une bête curieuse? Ne faites pas à autrui ce que vous n’aimeriez pas que l’on vous fasse, tout simplement.

 

#NotInMyPlate

Je vous le disais déjà il y a 2 ans: la santé de la planète passe d’abord par l’assiette. Je ne vais vous répéter tout ce que j’ai écrit à l’époque, la plupart des chiffres sont toujours d’actualité; il vous suffit de le relire ici. Par contre, je vous invite à regarder la vidéo ci-dessus produite par Félicien Bogaerts, fondateur de l’excellente chaîne youtube le Biais Vert, dans laquelle il explique avec brio les conséquences de notre alimentation carnée mais surtout industrielle sur un ton clair, concis et constructif.

Pas le temps de lire ni de regarder la vidéo? Voici quelques gestes simples qui, en plus d’être bénéfiques pour la planète, le seront aussi pour votre portefeuille.

  • Réduire puis arrêter sa consommation de viande, surtout celle de bœuf, c’est diminuer son empreinte carbone de manière significative, ne plus participer à la souffrance animale, être en meilleure santé et même faire des économies !
  • Limiter la consommation de lait de vache, c’est avant tout un argument santé car le lait bovin est à la base un hormone de croissance destiné aux veaux, pas à l’homme. Il est responsable de la croissance des cellules cancereuses, perturbe la digestion et n’est pas la seule source de calcium disponible. Mis à part cela, si on ne mange plus de viande mais qu’on consomme toujours le lait, on arrive plus ou moins au même bilan carbone (le beurre étant par ailleurs l’aliment le plus impactant derrière le bœuf et l’agneau).
  • Manger local et de saison, en plus de freiner les déforestations massives engendrées par les monocultures intensives (soja, palme, avocat, asperge …), permet de faire tourner l’économie locale et évite d’engraisser les industries les plus polluantes. En bonus, acheter les produits de saison revient bien moins cher que de consommer des courgettes toute l’année.
  • Faire ses courses en vrac, cela permet de limiter les emballages (malheureusement encore souvent plastiques) tout en réalisant de belles économies. De plus, les aliments en vrac ont une longue conservation, donc pas de gaspillage !

 

Destination Food se met au vert

Fort de notre virage amorcé il y a 2 ans, nous avons décidé d’aller plus loin et de devenir un blog 100% éco-responsable. Dorénavant, nous mettrons l’accent sur le slow travel, le voyage local et de proximité et sur la cuisine végétarienne.

Concrètement, en 2019:

  • Nous nous focaliserons sur le voyage local et de proximité qui ne nécessite aucun déplacement en avion;
  • Nous devenons végétariens à temps plein, il n’y aura donc plus que des recettes végétariennes et vegan sur le blog;
  • Les chroniques de restaurant, moins nombreuses, seront uniquement tournées vers les restaurants proposant de la cuisine végétale et durable;
  • De nouvelles rubriques feront leur apparition, destinées à faire la promotion des initiatives vertes et de l’alimentation durable.

Alors, êtes-vous prêts à vous battre pour notre planète?

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