Pour clôturer notre séjour en Argentine, nous descendons vers le centre-ouest, plus précisément à Mendoza, la capitale des vins argentins. Au programme de ces quelques jours, initiation et découverte du fameux cépage malbec, et visites des bodegas environnantes. Tchin tchin !
Mendoza, la ville où le malbec est roi
La ville de Mendoza compte à l’heure actuelle environ 120 000 habitants, ce qui en fait la 4ème ville la plus peuplée du pays. Contrairement à Salta, la ville n’a pas conservé son héritage colonial, en raison des nombreux tremblements de terre qu’elle a subi. C’est donc aujourd’hui une ville moderne, pas spécialement attrayante au niveau touristique, mais qui a la réputation d’être agréable à vivre. On y vient essentiellement pour la route des vins qui, à défaut d’être unique dans le pays, abrite la majeure partie des bodegas (domaines viticoles), produisant à elles seules 70% de la production argentine.
La région des vignobles de Mendoza est divisée en trois régions : l’Oasis nord, la vallée de l’Uco et l’Oasis sud. Ces régions abritent plus de 1000 bodegas, dont 300 exportent à l’étranger. Forts d’immenses efforts dans le domaine de l’irrigation ces dix dernières années, les argentins peuvent se targuer aujourd’hui de produire d’excellents vins à base de malbec, cabernet sauvignon, chardonnay, merlot ou même, cabernet franc. Bien que la route des vins de Mendoza ne tienne pas la comparaison avec celles de France ou d’Italie, elle a le mérite d’offrir de superbes panoramas sur la cordillère des Andes.
Comment relier Mendoza depuis Salta
A la base, nous devions nous rendre à Mendoza en bus. Le petit hic, c’est le prix : 140 $US pour le billet p.p. ! A titre de comparaison, le Chili, qui a la réputation d’être le pays le plus riche et le plus cher d’Amérique du Sud, offre le même type de trajet pour la moitié du prix. C’est malheureusement une des tristes conclusions que nous tirerons de l’Argentine : tout est hors de prix, pour des services de qualité médiocre. J’y reviens en fin d’article.
Vu le prix excessif pratiqué, nous décidons de nous tourner vers l’avion : pour 30 $US de plus, l’avion nous emmène à Mendoza en moins d’1h30 ; comparativement avec les 20h de bus pour pratiquement le même prix, le choix a été vite fait.
Lapacho Hostel
Après un vol effrayant avec Aerolineas Argentina, nous partons en direction du centre vers notre auberge, le Lapacho Hostel. Je ne recommande pas spécialement cette auberge. Excepté la situation idéale, le prix, l’accueil et la belle petite terrasse, l’auberge s’est révélée décevante : une salle de bains / toilette pour l’ensemble de l’auberge (capacité d’une quarantaine de personnes, ça fait vraiment peu), pas de machine à laver, chambres privées qui ne ferment pas à clé, obligation de payer en cash, pas de service de pickup, et personne ne parle un mot d’anglais ; comparativement à la description booking, absolument rien n’était conforme. Une autre pratique courante en Argentine.
Bodega Lopez
Pour notre première visite, nous prenons la direction de la bodega recommandée par notre guide Fabien lors de notre visite du Cajon del Maipo au Chili un mois auparavant, la bodega Lopez. Les visites s’étant toutes faites en voiture les jours précédents, nous décidons d’y aller à pied. Dès le départ, un chien décide de nous suivre, et le petit compagnon improvisé qui nous a adopté nous suivra jusqu’au bout, soit plus de 20km 🙂
Une fois sur place, nous avons droit à la visite en anglais. On a beau en avoir visité beaucoup lors de notre voyage, celle-ci figure parmi les plus intéressantes. Après la visite, nous avons droit à deux dégustations, un vin blanc d’apéro ainsi qu’un malbec, tous les deux surprenants et véritablement excellents. Mince, on dirait que je me suis trompé sur les vins argentins … au final, je repars avec une petite caisse de dégustation, pour confirmer ma thèse (pour toi, public !).
Dans la sélection de 6 demi-bouteilles, aucun vin ne m’a déçu, et deux m’ont même surpris par leur complexité et équilibre. Tout d’abord, le vin signature de la maison, le Montchenot, assemblage de malbec, cabernet et merlot, excellent, et ensuite, le Château Vieux, tout simplement magnifique. Dommage qu’ils n’exportent presque pas leur production …
Bodega La Rural
Pour notre deuxième visite, nous reprenons la route de Maipu, et nous rendons à la bodega Rural. La bodega est surtout connue pour son musée du vin, gratuit. Après une bonne marche de 10km, nous nous installons et dégustons deux vins de la maison Rutini, un chardonnay et un malbec. Une nouvelle fois, très agréable surprise, surtout de la part du malbec. Me serais-je donc trompé sur ce cépage à la si mauvaise réputation?
Bodega Di Tomasso
Après la visite du musée du vin, nous reprenons nos jambes et marchons jusqu’à la prochaine bodega réputée dans le coin, Di Tomasso, située à 10 km de là. L’idéal est de prendre un vélo pour visiter les bodegas, mais après l’expérience traumatisante d’Ingrid sur l’île de Pâques, nous avons privilégié la marche.
Sur place, nous avons droit à une visite suivie d’une dégustation, ici payante (50 pesos par personne). La visite est à nouveau intéressante, la dégustation beaucoup moins. On retrouve ici le vin qui fait la mauvaise réputation du pays : acide, herbeux, sans âme. Dommage … malgré tout, je reste sur une impression très positive des vins argentins.
En résumé, Mendoza est une ville très agréable, que nous avons aimé, malgré le reste (voir ci-dessous). Et surtout, surtout, les vins valent le détour !
Bonus : la traversée des Andes jusqu’à Santiago
Pour retourner prendre l’avion à Santiago, nous avons opté pour le bus, car il permet de profiter de superbes panoramas sur la cordillère des Andes tout le long. Je vous laisse quelques images pour en juger.
Conclusion: l’Argentine, le géant orgueilleux
En conclusion, l’Argentine nous a surpris à tous les points, généralement de manière négative.
Commençons par le positif : les vins. Je m’attendais à retrouver des vins acides et sans complexité, similaires à la plupart des malbec que l’on exporte chez nous, et bien, il n’en est rien. Les argentins savent réellement produire des vins excellents. Les prix restent raisonnables, et le savoir-faire est maintenant bien installé.
Pour le reste, déception sur déception. Tout d’abord, la cuisine : hormis la viande et les alfajores, il n’y a rien de bon à se mettre sous la dent. Les empanadas, dont les argentins sont si fiers, sont bien loin derrière ceux que l’on trouve au Pérou et au Chili. En plus d’être ridiculement petits, ils sont extrêmement secs et peu gourmands, et pourtant, nous avons eu l’occasion de goûter ceux étant réputés comme étant les meilleurs.
On pourrait penser à se rabattre sur autre chose, mais il n’y a rien, ou presque. Partout, on retrouve les mêmes hamburgers / hotdogs / pizzas, et les légumes brillent par leur absence, y compris des étals des marchés. La diversité des plats est quasi nulle, et à moins d’être un adepte de fast-food, le gastronome restera sur sa faim. Végétariens, passez votre chemin !
L’autre gros problème, c’est l’hygiène alimentaire : il n’y en a pas. Tout est douteux. Nous avons mangé un peu partout au Chili et au Pérou, sans rencontrer le moindre problème, alors qu’à peine 24h arrivés en Argentine, et ce malgré nos habituelles précautions d’hygiène, nous avons contracté une méchante bactérie qui est toujours présente à l’heure actuelle (soit 10 jours après, à l’heure où j’écris cet article : il est probable que nous ayons continuellement amené de nouvelles bactéries tout au long du séjour). Voici où le manque de diversité coince : comment faire la diète dans un pays qui n’a que du gras ou du douteux à sa carte ? Certains me diront que le Pérou n’est pas vraiment mieux loti, mais au moins, en cas de problème, on peut toujours se rabattre sur des aliments sains, ce qui n’est pas le cas en Argentine.
Ensuite, point probablement moins important pour les vacanciers mais pas pour les voyageurs, les prix. Quelle claque ! La vie coûte plus chère ici que chez nous, parfois le double. Très mauvaise surprise de ce côté-là, et le gouvernement a beau tenter de masquer l’inflation galopante, sur le terrain, on la ressent bien. Pour l’exemple, un café au McDonalds coûte l’équivalent de 3 euros pour le plus petit, tandis que le petit commerçant vend son nescafé 40 pesos, soit 4 euros … hallucinant.
Le point le plus grinçant, c’est l’organisation. Avant notre départ, nous nous étions préparés à ce facteur, après la lecture d’innombrables blogs sur le sujet. Après plusieurs semaines au Chili et au Pérou, j’en suis venu à me demander s’il y avait une affabulation générale, ou si on avait juste beaucoup de chance … jusqu’à l’Argentine. De l’entrée à la sortie, nous avons été confrontés à la logistique la plus pourrie de la planète.
Dernier exemple en date, nos tickets de bus Andesmar, achetés sur le web : comme d’habitude, nous nous rendons jusqu’à la compagnie de bus du terminal pour échanger nos billets. Le gars regarde mon billet avec des yeux de merlan frit, genre du tissu ? mais qu’est-ce que c’est ? , puis m’indique que c’est un billet internet et qu’il faut l’imprimer. Je lui demande pour l’imprimer, et il me dit que c’est impossible, et me demande pourquoi je ne l’ai pas imprimé. « Bah, parce qu’en voyage je me ballade rarement avec une imprimante ? Parce que toutes les compagnies de bus rencontrées font ça, sauf vous, oh fiers argentins ? Et parce qu’on ne pouvait pas choisir l’option collecter au guichet ? » J’avoue, je me suis énervé. Première fois depuis le début du séjour: trop, c’est trop.
Après 5 bureaux différents (mais tous de la même compagnie, Andesmar : encore une autre aberration) une dizaine d’aller-retours entre chaque, et des arguments débiles du style « c’est un billet internet, il vous faut un billet papier comme celui-ci », on trouve enfin un gars avec un QI supérieur à une huître qui accepte de les imprimer pour 40 pesos.
Et c’est partout comme ça : l’Argentine est un condensé de systèmes organisationnels parallèles aberrants. Même les restaurants y vont de leur petit système maison, dont personne ne comprend rien. Par exemple, chez Burgery à Mendoza, ils ont des serveurs qui ne servent qu’à amener la carte. Après, il faut aller commander au comptoir, prendre son ticket et revenir lorsqu’on appelle notre nom : mais alors, ils servent à quoi les deux serveurs ?
Et pour couronner le tout, on ne s’attendait pas à ressentir autant d’antipathie de la part des argentins. Les mines patibulaires déambulent les rues, et les discussions tournent immédiatement à la politique et à la supériorité des argentins – j’en veux pour preuve la discussion avec deux argentins que je connaissais depuis 5 minutes. Ici, on est pas chez nous, et on nous le rappelle. Dommage, de la part du pays le plus orgueilleux d’Amérique du Sud.
Bref, vous l’aurez compris, après la Chine, l’Argentine est le deuxième pays à nous décevoir. On en attendait beaucoup, on est donc tombés de haut. Dire que dans notre première version du plan, nous n’avions prévu de visiter que l’Argentine et le Brésil … on l’a échappé belle.
Sur cette note acidulée, je vous donne rendez-vous au Brésil pour la suite et fin de nos aventures !