Après plusieurs changements de plans pour diverses raisons (voir ici), nous nous mettons en route pour Chengdu, la ville des pandas, située à l’ouest de la Chine, dans le Sichuan, non loin du Tibet. En plus de ses pandas, la ville offre plusieurs temples et quartiers tibétains, et est proche du mont Emei, une des 4 montagnes sacrées de Chine, et du grand bouddha de Leishan, réputé comme étant le plus grand bouddha du monde avec ses 71m. Enfin, celle-là on la connait, hein les gars … on dira le plus grand bouddha de Chine pour pas pinailler !
Le Sichuan
Connue pour être le grenier à blé de la Chine, la province du Sichuan est surtout réputée pour sa cuisine ultra-épicée. Montagneuse, avec des sommets pouvant atteindre 6000m (plateau tibétain), sa capitale est Chengdu, où se trouve le centre de fécondation des pandas géants en danger d’extinction, et qui a une population de 14 millions d’habitants. Chengdu a, tout comme Beijing, été victime d’une modernisation effrénée, et la plupart des quartiers traditionnels ont désormais disparus au profit de larges avenues remplie d’immeubles en verre (triste !).
Malgré tout, le Sichuan regorge toujours de magnifiques plaines et sert de porte d’entrée au Tibet. Elle est d’ailleurs classée comme « province à risque » par le gouvernement chinois, compte tenu des émeutes survenues cette dernière décennie dans la région frontalière. Au niveau du tourisme, on y retrouve le fameux bouddha de Leishan et le mont Emei au sud, la vallée du Jiuzhai, au nord, et les plateaux tibétains à l’ouest.
Un jour d’entrain
Nous quittons notre hostel pékinois et nous mettons en route vers la gare de Beijing West. Une fois sur place, nous nous dirigeons vers le quai du bullet train, le TGV chinois. Ces dernières années, il y a eu un énorme essor au niveau du rail chinois, et ils peuvent désormais se targuer de rivaliser avec le bullet train japonais en termes de service et de rapidité. Après avoir affronté la marée humaine en train de grimper dans le train (pourtant, ce sont des places réservées avec numéro de sièges … on a juste l’impression que la moitié de la ville monte dans ce train), nous nous installons.
15h de trajet plus tard, nous arrivons à Chengdu (ça parait énorme, mais il faut bien se rendre compte de la distance parcourue, plus de 1500 km). 15h de trajet très pénible. Vous voyez, quand vous prenez un transport en commun, et qu’une bande de jeunes écoutent de la musique sur son smartphone, et que vous êtes passablement irrité ? Imaginez un train, plus précisément une voiture de train, remplie avec une centaine de personnes, qui font toutes la même chose. Musique, films, smartphones … personne ne porte d’écouteurs et tout le monde écoute ses trucs à sa guise. Ajoutez à ça la TV chinoise diffusée par le train lui-même, avec le volume à fond, qui passe la musique de Requiem for a dream à chaque coupure de pub (soit toutes les 10 minutes), et ajoutez la cacophonie normale des chinois lorsqu’ils parlent entre eux (ils ne parlent pas, ils crient). Multipliez par 15h de trajet … Je ne me plaindrais plus jamais de la descendance d’Yvette Horner dans le métro 🙂
Bref, nous arrivons à destination, récupérons un taxi (facile, il y en a plus de 300 qui attendent, alors qu’il est presque minuit !) et arrivons enfin à notre hostel.
Une ville pandastique
Dès le matin, nous partons direction le centre de Chengdu, la ville où le panda est roi (on en trouve partout, sur les taxis, les restaurants, les biscuits …). Après une petite marche, nous trouvons un endroit dédié au café, ce qui est vraiment rare en Chine, ce n’est pas trop leur tasse de thé 🙂
Du coup on en profite. Le bonheur … le premier vrai café depuis des semaines (l’Afrique du Sud se débrouillait encore bien, mais pas top). Après ces retrouvailles caféinées, nous nous remettons en route vers Xinli Street, le cœur animé de la ville.
En passant, nous prenons une brochette de beignets à la sauvette, puis trainons dans quelques magasins ci et là. Peu après, nous trouvons la fameuse rue de la street food, l’objectif de notre visite du centre. On n’est pas déçu : il se dégage de la rue (ruelle, plutôt) des arômes à faire frémir un panda au régime. Le choix est difficile, tellement la palette de snacks (les fameux Chengdu snacks) est vaste et appétissante.
Nous arrêtons notre choix sur un succulent mélange de champignons, des ravioles de crevettes, et un OMNI (objet mauve non identifié), qui provoque les rires et plusieurs questions de la serveuse (en chinois, bien sûr), comme si on s’apprêtait à manger un truc ignoble … Au moment de croquer dedans, j’étais persuadé que c’était une des spécialités du coin, les – pardonnez l’expression, je n’en connais pas de meilleure – couilles de taureau, mais au final, il s’agissait de boules de riz sucrées parfumées, plutôt agréable 🙂
Nous continuons notre visite du centre, mais à vrai dire, ce n’est pas très folichon. Ça fait un peu penser à Time Squares version chinoise, surpeuplé, flashy, rempli de magasins que l’on trouve partout, plein de touristes, plein de bruit … on fuit bien vite ce brouhaha direction le quartier tibétain, mais nous changeons en cours de route pour rentrer à l’hostel, trop fatigués pour marcher encore 5 km.
Malatang
Après quelques instants de repos, nous partons manger. Quelques recherches infructueuses plus tard (nous cherchions du poulet sichuan), nous nous rabattons sur un restaurant à fondue, version Chengdu, la fameuse malatang (version épicée du huoguo, la fondue chinoise classique). Tout est en chinois, sans aucune image, personne ne parle un mot d’anglais, donc comme la dernière fois, on se débrouille (= on pointe au hasard sur la carte). Petit passage comique, la serveuse sort le google translate (moi, j’ai abandonné, ils captent jamais rien traduit avec), et la traduction indique « you smell like hot boiled fish » (tu pues le poisson bouilli). Merci … 🙂 Après ça, elle m’amène au vivarium, je choisis plusieurs petits poissons, que le cuistot prend avec son filet, et pèse devant moi.
On s’installe à table, et le bouillon épicé arrive. La serveuse remplit notre petit bol d’herbes et cacahouètes avec, et je goute une cacahuète pour juger le truc. Mama … ça arrache ! J’ai l’habitude de la cuisine indienne, donc quand je vous dis que ça arrache, je ne plaisante pas. Le bouillon est tellement épicé qu’il est noir – noir de piments et de poivre sichuan, limite immangeable. Lorsque nos poissons vidés arrivent, nous indiquons à la serveuse de ne pas mettre les poissons dans ce bouillon, mais dans celui du dessus, très épicé aussi mais à un niveau tolérable. De temps en temps, je mets une petite cuillère du vrai bouillon dans mon plat, mais c’est vraiment abusé. Le poisson est délicieux, et nous nous aidons du riz pour diminuer le feu constant dans la bouche. Ma bouche restera anesthésiée encore 1/4 d’heure après la fin du repas 🙂
Le centre de reproduction des pandas
Le lendemain, nous partons de bon matin vers le centre des pandas, au nord-est de la ville. Il faut savoir que ces gros paresseux sont tellement fainéants qu’ils sont forcés à la reproduction, sans quoi ils seraient déjà éteints (m’enfin …), et que pour les voir, il faut venir tôt, au moment où on les nourrit. Nous nous installons au premier rang, et attendons patiemment, bien vite entourés de dizaines de chinois visiblement trop impolis que pour respecter les panneaux « quiet, please » … Soit, un trentaine de minutes plus tard, les gardes déposent les bambous, mais également le gâteau d’anniversaire d’un des pandas, et peu après, les mignons petits pandas arrivent et se nourrissent. Je dis petit, mais ce sont les pandas géants, nous verrons les petits plus tard à la nurserie pour pandas, encore plus mignons 🙂
Une fois la visite terminée, nous repartons vers le centre, direction quartier tibétain.
Le quartier tibétain
Après 1h de taxi (bouchons … et pourtant ce n’était pas l’heure de pointe), nous arrivons dans le quartier tibétain. C’est très agréable, malgré la foule. Il y a plein d’échoppes, que ce soit de bibelots ou de street food, et nous flânons là un bon moment avant de partir manger. Pour une fois, nous avons repéré un restaurant, tibétain, non loin de là, notre première expérience tibétaine. Et bien, ça ne sera pas la dernière ! Notre choix s’est arrêté sur une salade de feuilles de lotus grillées, des buns au yak (quel délice !), des buns de pommes de terre légèrement épicé, et des roulades de radis rose vinaigré. Tout est délicieux, même si ça arrache un peu (surtout la salade), comme tout ce qui se fait dans la région.
Nous rentrons à pied, le long du fleuve, puis restons à l’hostel nous reposer, car la visite du lendemain promet d’être éprouvante !
Emeishan
Nous partons une nouvelle fois à l’aurore pour nous rendre dans le sud du Sichuan, à Emeishan, la ville au pied du mont Emei, une des quatre montagnes sacrées du bouddhisme chinois. Il s’agit d’un lieu de culte et de pèlerinage bouddhiste, qui nécessite plusieurs jours et de sacrées jambes pour en faire l’ascension (3 099m).
Nous nous rendons à la gare de Xinnamen, où est censé se trouver notre train direction Emeishan. Sauf que … il s’agit d’une gare routière, et que la gare ferroviaire est située à l’autre bout de la ville. Pourtant, on avait bien vérifié avant … ça arrive 🙂 Au pied du mur, on se décide à prendre le bus, et tant bien que mal, nous arrivons à acheter des billets et à monter dans le bon bus. Yay !
2h30 plus tard, nous arrivons à Emeishan. Nous nous mettons en quête d’un mini-bus pour aller jusqu’au sommet. D’après notre guide, il faut se rendre au monastère Baoguo pour les trouver. Nous marchons donc jusque là, admirant au passage les paysages, et le monastère, très joli.
Sur place, impossible de trouver la moindre trace de bus ou autre ; le guide s’est trompé (décidément, c’est pas notre jour). Nous redescendons donc jusqu’au centre, et trouvons les fameux mini-bus. Une fois rempli, il se met en route (2h d’ascension tout de même). Vu l’heure, nous mangeons le plat de nouilles végétarien que nous avons acheté la veille à un restaurant dans la rue (voir photo ci-dessous: il faut choisir ses aliments dans le frigo, et ils cuisinent ça devant vous, dans un wok, pour une somme dérisoire, et c’est délicieux !), pendant que le mini-bus roule. Vu qu’on ne sait pas trop si on peut manger (à priori, pas un plat de nouilles en sauce), on se relaie derrière le siège pour manger. S’ensuit quelques crises de fou-rire, la situation est vraiment ridicule 🙂
Un bon bout de temps après, nous arrivons à l’entrée du mont Emei, et il faut s’acquitter d’une somme exorbitante pour pouvoir rentrer sur le site (185 yuans par personne, soit plus de 25 euros, uniquement pour pouvoir accéder au pied de la montagne). Une fois en haut, il faut encore payer pour pouvoir prendre le téléphérique (120 yuans) qui va jusqu’au sommet. C’est franchement l’abus … on aurait préféré faire l’ascension de la dernière partie, mais vu l’heure tardive, on a pas eu trop le choix (ou alors, il faut dormir sur place).
Arrivés au sommet, mauvaise surprise : le golden summit (sommet doré) est complètement embrumé, et il n’est pas possible de voir la vallée. C’est un peu l’arnaque, car ils vendent ça comme la montagne qui est toujours dégagée. Mais bon, au moins, l’expérience est mystique, le temple et le bouddha sont justes magnifiques, et il se dégage une atmosphère indescriptible, entre les mantras bouddhistes, l’odeur d’encens sur la montagne et la brume … ça n’aurait pas été pareil si c’était dégagé !
Au final, je recommande tout de même cet endroit, mais pas en une journée. Il vaut mieux prendre son temps, et le faire en 2-3 jours, pour en profiter à fond et faire l’ascension à son rythme et ainsi éviter de payer les tarifs prohibitifs pratiqués. Une fois au sommet, qu’il fasse beau ou non, vous ne le regretterez pas 🙂
C’est tout pour le Sichuan, prochaine étape: le Guangxi !