Après notre voyage de 27h pour relier Cape Town et Beijing (3 vols et pas mal d’attente entre chaque), nous voici enfin arrivés en Chine. Au programme des premiers jours, visite de la ville, de ses monuments historiques, et randonnée sur la grande muraille, avant de repartir en direction de Chengde, un peu plus au nord-est de Beijing. En avant pour les premières aventures chinoises !
La capitale de l’Empire
Beijing est située dans la province du Hebei. Cette dernière fût formée en 1928, et est peuplée majoritairement, comme le reste de la Chine, de Han, les successeurs de la dynastie Han. Au niveau religieux, on retrouve principalement le Taoïsme et le Bouddhisme chinois. Sans grande surprise, la langue la plus usitée est le mandarin, bien qu’elle soit souvent sous forme de dialecte.
A partir du 20ème siècle, Beijing allait devenir la cité des empereurs. Anciennement Cité impériale, c’est désormais un centre administratif et économique en pleine modernisation. Tianjin, autre ville importante du Hebei située à une centaine de kilomètres de là (devenue célèbre après les explosions récentes d’une usine), lui permet d’accéder aux échanges internationaux via son port. Au niveau population, elle se classe en 2ème position, derrière Shanghai.
Une cité pas si interdite
Après une nuit relativement paisible, nous nous mettons en route vers la cité interdite, un des seuls palais impériaux encore présent en Chine. Comme notre hôtel est idéalement situé non loin du centre historique, nous partons directement à pied. Une vingtaine de minutes plus tard, la cité montre déjà le bout de ses pagodes. Un peu plus loin, nous voyons une énorme gate, qui ressemble à une porte d’entrée, sauf que … il s’agit de la porte de sortie. Pour rejoindre la cité, il nous faut donc pousser plus loin vers la porte du sud. Une fois sur place, nous apercevons un vaste bordel, qui sera notre pain quotidien pour les jours à venir : des dizaines et des dizaines de chinois, qui font la file (et qui poussent et dépassent sans vergogne) pour passer les portiques de sécurité.
Il faut savoir qu’en Chine, que ce soit pour le métro, les sites historiques ou les trains, il faut passer ses sacs aux rayons X et passer un détecteur de métaux avant de pouvoir y accéder. On entendra d’ailleurs, à plusieurs reprises, une sorte de mantra diffusé en boucle sur les speakers : Thank you for your understanding and cooperation. Bienvenue chez les communistes 🙂
Bref, passé la fouille, nous accédons aux jardins périmètres de la cité. C’est joli, certains coins sont même libres de tout chinois, ce qui est et sera rare. Certains recoins respirent la quiétude zen que l’on retrouve surtout au Japon. Comme nous n’avons pas encore déjeuné, nous en profitons pour manger un petit en-cas chinois, pas le grand luxe mais ça remplit.
Peu après, nous arrivons enfin dans la cité. Premières impressions : il y a trop de chinois … faudrait peut-être changer le nom en Allowed City 🙂
On flâne, on regarde, on ne s’extasie pas : trop froid, trop de monde, on ne ressent pas l’histoire du lieu. Lassés de la foule, nous partons vers les côtés de la cité, moins peuplé. Tout d’abord, la salle Wemhua, remplie de vases et poteries, puis vers le mur des 9 dragons, la salle Huangji, et le jardin de Qian Long. C’est plus agréable, mais toujours peu impressionnant. La citée fait pâle figure comparée aux splendeurs des temples, citées et jardins japonais que j’ai pu voir l’an passé.
Toujours sous le coup du jetlag, on décide de ne pas trop forcer – nous avons quand-même marché 12km – et nous rentrons manger dans un petit restaurant près de l’hôtel, On commande deux plats, un poulet aux cacahuètes et un bœuf aux champignons, l’un assez correct, l’autre vraiment excellent, relevé par des piments moyennement piquants.
Après le repas, nous regardons à nouveau notre itinéraire, et décidons d’annuler la visite pour Chengde. Nous n’étions pas sûrs de nous y rendre, car ça prend tout de même 10h pour une visite d’une journée, et après avoir dégusté 7 vols en 15 jours, on se dit qu’au final, autant rester plus longtemps ailleurs.
La grande muraille
Le lendemain, nous partons en expédition sur la grande muraille à l’aide du tour organisé par notre hôtel. Au niveau prix, après nous être renseignés, leur offre est plus qu’intéressante et nous évite de devoir nous débrouiller avec un chinois pour nous faire comprendre, et inclut même un lunch; le choix est vite fait. Départ matinal, et 2h plus tard, nous arrivons à Mutianyu, une section encore très bien préservée du mur qui n’est pas encore (trop) envahie par les touristes comme à Badaling. Ça ne vaut pas Jinshanling, mais pour cette dernière, il faut vraiment avoir une condition physique hors pair pour pouvoir en profiter.
Une fois en bas, deux choix s’offrent aux visiteurs : gravir plus de 1000 marches pour arriver à la première tour de guet du mur, ou prendre le téléphérique. Vu qu’il faut encore pas mal grimper une fois en haut, nous optons pour la première option.
Une fois en haut, la muraille s’offre à nous, avec ses décors montagneux grandioses et sa crête serpentée infinie, qui n’est pas sans rappeler un certain manga …
Le guide n’avait pas menti : le mur est difficile, surtout avec le soleil de plomb. La dernière section du plan est particulièrement rude, et ce n’est pas sans difficulté que je parviens à son sommet, qui offre une vue à couper le souffle.
Lors de la descente, je ressens mes genoux trembler. Les 27h d’inactivité du trajet, la marche de 12km de la veille et l’ascension des nombreuses marches ont porté un coup à mes muscles, et il me faut descendre en biais pour pouvoir y arriver. Une fois arrivé en bas, nous regardons les cartes des bars et restaurants, et constatons que, comme on pouvait s’y attendre, les prix sont exorbitants (35 RMB la bière de 33cl, soit 5 euros, ce qui est juste abusé en Chine). Nous décidons donc d’aller directement vers le restaurant où notre lunch nous attend.
Sur le chemin, nous repérons une sorte d’auberge qui ne paie pas de mine. C’est complètement vide, et les chinois qui arrivent ne parlent pas un mot d’anglais. La serveuse sort alors l’équivalent d’un google translate, et nous amène à un frigo, après avoir compris ce que nous voulions. Je prends une grande bière (50 cl), qui est bien glacée, et elle m’indique le prix : 6 RMB ! Quelle aubaine 🙂
Ami lecteur, retiens ceci : si tu as l’occasion d’aller à la grande muraille, et que tu choisis la même section que nous, arrête-toi donc à la lantern house, et déguste une bière 10 fois moins chère qu’en haut !
Passé ce moment de victoire, nous rejoignons le restaurant et nous passons à table avec plusieurs membres du groupe. Pour pouvoir partager les plats comme il se doit, la table dispose d’une plaque en verre tournante permettant de faire circuler les plats entre les invités, un concept tout simplement génial. La multitude de plats qui est servie est vraiment de très bonne qualité, on ne s’attendait pas à un si bon lunch à cet endroit.
Nous retournons à notre hôtel, nous reposons quelques instants, et regardons à nouveau notre itinéraire. Après la grande muraille, on se dit qu’il vaut peut-être mieux éviter l’ascension d’une montagne trop tôt, histoire de conserver nos jambes pour la suite, et décidons de complètement changer de direction et de nous rendre à Chengdu, la ville des pandas. Il reste encore pas mal de places disponibles, et nous décidons d’aller à la gare le lendemain pour prendre nos billets.
Vu que nous n’avons pas encore nos billets pour la liaison entre Guilin et Hong Kong, nous décidons également de booker les billets de train via travelchinaguide. Pourquoi pas à la gare, me direz-vous ? Et bien, tout simplement parce qu’il est extrêmement difficile d’obtenir des billets de train pour des gares différentes de celle où vous vous trouvez, et il est recommandé de passer par de tels sites pour ne pas avoir de soucis. Au moment de la réservation, il ne reste plus que 10 places, tout juste !
Une fois l’itinéraire adapté, nous prenons un petit plat pour deux non loin de l’hôtel et ne tardons pas à aller au lit, car nous aurons encore besoin de nos jambes pour le lendemain.
Deux belges dans la ville
Le lendemain, nous partons en direction de la gare centrale afin d’acheter nos billets de train pour Chengdu. Après 1h30 de marche, nous arrivons aux guichets, remplis de monde. Nous nous mettons à la recherche d’un guichet anglophone, et nous en trouvons un, presque désert, à l’intérieur de la gare. Nos billets en poche, nous décidons de nous rendre vers la place Tian’anmen, et de flâner aux alentours dans les hutongs (petites ruelles remplies d’habitations de briques, en danger car le gouvernement veut les détruire et les remplacer par les mêmes batiments que l’on trouve désormais partout en Chine). La place est noire de monde, et il n’y a pour ainsi dire rien à voir, si ce n’est le cœur même de la propagande communiste. Pas trop notre truc … On part donc en quête du lunch, et nous trouvons un restaurant de nouilles, pas aussi traditionnel que ce que nous visions à la base, mais vraiment excellent : des nouilles à la fleur de moutarde, assez relevées, et des classiques nouilles au bœuf.
L’après-midi, nous décidons d’aller au parc Behai, normalement situé non loin de là, en faisant plusieurs détours par les hutongs environnants. Quelques heures plus tard, nous arrivons enfin au parc. Les 15km que nous avons parcourus sur la journée se ressentent dans les jambes, si bien que nous décidons de retourner à l’hôtel et de visiter le parc le lendemain. Peu de photos sur cette journée, car je préfère respecter l’intimité des gens dans leurs habitations – un peu de la même manière qu’on préfère éviter de photographier la misère des gens dans les townships.
Une fois à l’hôtel, nous regardons où en est notre réservation de billets, et là, mauvaise surprise : on me répond que le train est désormais full ! Nous devons donc nous rabattre soit sur le bus (16h), ou l’avion (1h). Le choix est vite fait. Même blague avec le train Chengdu – Guilin ; par chance, il reste encore quelques places sur l’avion, à moitié prix. Ouf 🙂
Pour changer des restaurants à l’aveugle, nous décidons d’aller manger dans un des restaurants de notre guide (le premier depuis le début de l’aventure !). Il est situé à 2km de l’hôtel, donc nous décidons d’y aller à pied. C’était une erreur : nous avons vraiment eu du mal sur la fin, et c’est éreinté que nous arrivons à l’adresse du restaurant. Deuxième erreur : ne pas avoir réservé ! Ce restaurant est tellement populaire qu’il faut attendre 1h avant d’avoir un service. Fatigués et affamés, nous nous rabattons sur un restaurant voisin, qui sert des fondues chinoises (huogo).
Les cartes arrivent, intégralement en chinois, et personne qui parle un mot d’anglais … On suit notre instinct avec les images, et on se retrouve avec sélection de viande, des champignons chinois que nous ne connaissions pas, et un truc bizarre qui s’avère être des frozen bean curd (du tofu gelé). Comme on a pas imprimé ce que c’était, on commence par en manger sans rien, jusqu’à ce que je tombe sur un qui était effectivement congelé 🙂
Après avoir compris, nous les passons dans le bouillon, comme le reste des ingrédients. Verdict : délicieux ! Mention spéciale pour la sauce sésame, tout simplement excellente. L’appareil à fondue est également peu conventionnel (du moins, par chez nous) : au fond du récipient, on peut trouver une pelletée de charbon, et le bouillon s’évapore à la vitesse de l’éclair !
Après ce délicieux repas, nous rentrons – en taxi – passer notre dernière nuit dans cet hôtel, car il affiche complet et nous sommes contraints de devoir changer après nos changements de plans (pas de train avant le surlendemain).
Parc Behai
Le lendemain, une fois que nous avons rejoint le parc, le poids des ballades et de la fatigue se fait ressentir, et Ingrid a beaucoup de mal à marcher (j’ai moi-même mal dans les escaliers qui montent à la pagode). Nous visitons le parc, marchons quelques km, mais ne nous éternisons pas, car nous devons changer d’hôtel, mais également parce que le temps n’est pas vraiment de la partie.
Après notre checkout, nous prenons un taxi, et découvrons l’hostel pris à l’arrache la veille. La chambre est – comment dire …. La pire chambre que nous ayons jamais eu J Toute petite, sans fenêtre, avec une vitre qui sépare les toilettes, et un papier peint digne des meilleurs films d’horreur chinois. Bonjour l’angoisse …
Pour nous réconforter, nous décidons d’aller au restaurant tout proche qui sert l’authentique roasted beijing duck. Nous nous installons, et nous avons de nouveau droit à une carte intégralement en chinois – sans images cette fois ! Seul le mot canard est traduit ; on prend le deuxième, et vu que la serveuse nous pointe un truc du doigt en insistant, on lui donne le feu vert. Joli coup, mon cher Michel Boujenah … On a eu exactement ce qu’on voulait : le canard et les accompagnements qu’ils sont bien pour aller avec 🙂
S’ensuit une expérience culinaire inoubliable : le cuisinier amène le canard, et le tranche avec précision, munis de ses gants blancs, et on nous sert tout d’abord la peau croustillante, la partie en dessous de la peau avec le gras, et la chair, et pour terminer, un bouillon fait à partir de la carcasse. Le canard, les sauces, les pains, … tout est juste incroyablement raffiné et délicieux. Incomparable avec le canard laqué que l’on trouve chez nous, où on se contente de servir le magret.
Passé ce grand moment de gastronomie, Ingrid rentre à l’hôtel se reposer (dans le lobby, contrairement à la chambre, il est accueillant), et je me mets en route pour le temple du ciel.
Il s’appelait Han
Je pars donc en Solo 🙂 vers le temple du ciel, situé 1km plus loin. J’achète mon billet pass through, qui me permet d’accéder à chaque partie du site (ça, c’est la théorie : voir plus loin). Je parcours donc les grands jardins direction le temple de Prière pour la bonne moisson, l’édifice principal. C’est franchement sympa, et même si, encore une fois, la foule de touristes (chinois) est étouffante par endroits, le lieu est impressionnant.
Je me dirige ensuite vers le sud, l’autel du Ciel, et admire tour à tour l’autel circulaire en plein air, entièrement en marbre blanc, le mur des échos et la pierre des 3 sons. Expérience amusante, au milieu de la pierre centrale, on peut ressentir les vibrations de sa propre voix, comme un écho intérieur.
Par la suite, je me rends vers la salle du jeûne, situé à l’ouest. Là-bas, une femme me dit « wrong ticket ». Je lui dis que c’est un pass, et elle me dit que non, il faut acheter un billet pour cette partie au petit guichet derrière. C’est bien un truc insupportable ici, c’est qu’il faut payer pour TOUT. Même les montagnes sont payantes. On peut comprendre des lieux historiques qui coutent des fortunes pour l’entretien, mais des collines …
En gros, il faut payer les gens qui nettoient les crasses des gens qui ne savent pas respecter les lieux. Mais pas la peine de soutirer des sommes exorbitantes pour la cause ! Tu veux voir une forêt de hêtres ? 40 balles. Tu veux traverser le pont au-dessus de la rivière Kwaï? 50 balles. Tu as déjà vu un film de gladiateurs ? 120 balles. Bref, ça saoule. Du coup, je lui dis gentiment (avec le sourire, il ne faut jamais froisser un asiatique) que je passe mon tour, et je me mets sur le chemin du retour vers l’hôtel, où nous passerons notre dernière nuit à Beijing avant de prendre le bullet train (TGV) vers le Sichuan.
C’est tout pour la capitale, rendez-vous à Chengdu, la ville des pandas !